Décembre 2016 – Michel Beaudoin: un passionné du vélo et un battant

Michel Beaudoin est un athlète de 71 ans bien connu à Gentilly (un secteur de la ville de Bécancour). Sous le surnom de « Chef », on parle de lui comme de celui qui, en septembre dernier, était de retour de son périple de 16 000 km à vélo à travers le Canada. Difficile de croire qu’il y a 20 ans, quand il a pris sa retraite du milieu policier, il n’avait encore jamais fait de vélo.

Il n’en était pas à son premier périple. En 2011, il est parti de Prudhoe Bay, en Alaska, pour un parcours de près de 24 000 km, jusqu’à la Terre de Feu, en Argentine. Il avait déjà 18 000 km derrière lui quand il a été victime d’un grave accident à Lima, au Pérou. Il avait tenté de faire les quelques 6 400 km qu’il lui restait, en 2013, mais le destin a frappé de nouveau quand c’est son compagnon de voyage qui a été percuté par un camion. Il avait alors décidé d’accrocher son vélo, mais l’appel de l’horizon est une fois de plus revenu le chercher.

 

Sur son vélo : sa tente et quelques sachets de nourriture déshydratée. Il les gardait particulièrement pour le Labrador, où il se doutait bien que les possibilités de ravitaillement et de petits repos hospitaliers seraient plus rares. Il a trouvé à se loger dans des hôtels, des gites, ou encore chez des amis ou des gens qu’il rencontrait sur la route. Souvent, il cassait la croûte dans de petits restaurants, d’autres fois il se faisait inviter à manger.

Il ne se décourage pas! « C’est un exercice physique, mais surtout mental. Ce que je constate depuis quelques jours et que je n’avais pas imaginé à ce point, c’est la force du vent. Dans les Maritimes, quand il souffle de face, c’est vraiment très difficile. Mais je ne me décourage pas, je vais finir par l’avoir dans le dos », lance-t-il.

S’il est parti déterminé et confiant, pas étonnant que, quelques jours avant d’atteindre son objectif de la traversée du Canada d’est en ouest, l’inquiétude l’ait gagné… On pouvait lire sur son blogue : « Je suis à Deep River non loin des portes du Québec. J’allais vous dire je ne sais pas pourquoi plus la ligne d’arrivée approche plus je suis inquiet, mais je le sais… Au cours de mes trois derniers périples ma moyenne au bâton est de 0.00. En 2011, ma descente des Amériques s’arrête à Lima, traumatisme crânien sévère. En 2013, je reprends la traversée des Amériques, cette fois-là, avec Gilles Audette, un ami. Le destin frappe à nouveau à Chaca, dans le désert d’Atacama, au Chili, mon ami se fait heurter.

En 2014, au marathon des sables, dans le désert du Sahara au Maroc, mes prothèses aux hanches refusent de coopérer dans les terribles dunes de sables. Si je calcule bien, ça fait 0 en 3, c’est une fiche de looser, de perdant. Ces mots ne font pas partie de mon vocabulaire. C’est un peu pour ça que je suis inquiet. Je redouble ma concentration et m’applique davantage sur les petits détails, jusqu’à la ligne d’arrivée qui est en fait la ligne de départ d’où je suis parti à 7 h le 1er avril 2016. »

De retour 157 jours plus tard, il confiait aux gens présents venus pour l’accueillir : « Je ne suis pas un aventurier dans le style de Bernard Voyer ou Frédéric Dion et encore moins un olympien qui revient de Rio. Je suis juste un bonhomme de la ville de Bécancour qui vieillit et qui ne peut pas s’empêcher de vieillir. Mais je peux m’empêcher de devenir vieux par exemple. »

Monsieur Beaudoin a toujours un projet en tête. Il a profité de son passage au bord du Pacifique, qu’il qualifie de « paradisiaque », pour prendre des informations afin d’accentuer le réalisme d’un roman policier qu’il a entrepris et dont le début de l’histoire se passe à cet endroit. Notons également qu’il est le président du Défi du Parc de la rivière Gentilly et est un excellent ambassadeur de l’événement. Partout où il s’arrête, il en parle. On n’a pas peur de dire que Michel Beaudoin est une source d’inspiration et de courage.

« Je suis fait de même. Je ne pourrai jamais m’arrêter. J’ai 70 ans, deux hanches en titane. Je suis un fou, mais je suis un bon fou. Je vis d’aventure et de dopamine. Dans ma tête, j’ai toujours 38 ans. », lance-t-il, en riant.

Pour voir d’autres extraits de ses commentaires et connaitre le trajet de son périple, visitez le : beaudoinavelo.wordpress.com

Janik Ouimet

« Les années rident la peau, mais renoncer à son idéal ride l’âme. »

– Michel Beaudoin