J’ai d’abord entendu parler de M. Moreau parce qu’il était impliqué au sein d’un groupe de retraités qui souhaitaient demeurer actifs professionnellement via l’organisme Accès Travail et à la Coalition pour les 45 ans et plus en emploi, deux organismes en employabilité de la région du Centre-du-Québec.
Par la suite, nos chemins se sont croisés sur le Comité consultatif du Centre collégial d’expertise en gérontologie (CCEG) du Cégep de Drummondville. M. Moreau y siège encore d’ailleurs pour donner sa vision et partager son expérience de proche aidant. En effet, ce Drummondvillois de 71 ans est d’abord et avant tout le proche aidant de ses deux parents âgés de plus de 90 ans. Son père séjourne au Centre d’hébergement Frédérick-George-Hériot, tandis que sa mère, moins malade, vit aux Résidences René Léosa, une ressource intermédiaire. Le couple doit malheureusement vivre séparé. Cette responsabilité lui demande beaucoup de temps puisqu’il se déplace continuellement pour prendre soin de ses parents. D’une semaine à l’autre, il ne sait jamais ce qui l’attend avec ses parents dont l’état de santé régresse.
Il y a certes des moments plus difficiles, mais cela semble lui apporter beaucoup. Placé pensionnaire tôt, le temps de la scolarité au primaire, M. Moreau perçoit son implication auprès de ses parents comme une belle opportunité de reprendre le lien affectif qui avait été détérioré par l’éloignement. « Être proche aidant, c’est aussi une chance de refaire l’histoire d’amour filial… » Les échanges affectifs qu’il partage avec ses parents lui sont précieux. « Moi, qui suis super actif, je suis en train d’apprendre le savoir-être. Je suis obligé d’apprendre la patience, la compréhension, l’écoute, le toucher. C’est le retour aux valeurs humaines, à la simplicité de la vie. Avec le grand âge, le rapport à l’autre devient une affaire de silences et de cœur. La présence est la seule chose qui reste. Qu’est-ce que tu peux faire de plus avec quelqu’un en perte d’autonomie? » mentionnait-il à la journaliste de l’Express de Drummondville dans le cadre d’une entrevue pour la Journée québécoise pour la santé et le bien-être des hommes (19/11/2016).
M. Moreau lit beaucoup. Il cherche sans cesse des informations sur divers sujets afin de s’outiller dans son rôle de proche aidant et l’aider dans sa vie de tous les jours.
Pour trouver l’équilibre, M. Moreau fait beaucoup de sport. Il joue au tennis deux fois par semaine, marche quotidiennement et est un vrai champion de pickleball, une activité qui ressemble à la fois au ping-pong et au tennis, avec une balle trouée. Ce sport est beaucoup plus accessible pour les personnes qui avancent en âge.
Il fait partie de l’équipe d’élite de la Fédération québécoise de pickleball. Il est aussi instructeur. C’est d’ailleurs en grande partie grâce à sa passion pour le pickleball qu’on assiste aujourd’hui au déploiement de cette discipline à travers le Centre-du-Québec.
Lorsqu’il voit l’état de santé de ses parents décliner, il se dit qu’il a tout intérêt à se garder en forme. « Si je suis en pleine forme, je peux être un excellent proche aidant. C’est important, car il faut reprendre la responsabilité de nos parents. Puis, le sport est une formidable source d’encouragement quand on vieillit. Ça permet de se défouler, d’oublier. »
Les bienfaits du sport au niveau physique et mental sont énormes. M. Moreau nous résume la conférence qu’il a entendue du Dr Louis Bherer, neuropsychologue à l’Institut de gériatrie de Montréal en novembre dernier. On peut influencer la fonction cognitive par son style de vie : 1. Les jeux cognitifs 2. L’activité physique 3. La sociabilité 4. L’alimentation. Par un style de vie agréable et stimulant, on peut entrainer ce que l’on désire, l’important est de le maintenir par la suite. Il faut toujours chercher à être mobile. Être actif physiquement et mentalement diminue le déclin cognitif. Notre défi : activer sa vie. Le cerveau n’arrête jamais de se développer et de changer, c’est ce qui fait sa plus grande force. Il faut prendre des activités qu’on a le goût de faire et les maintenir. Mentionnons en terminant que M. Moreau poursuit toujours sa vie professionnelle. L’an dernier, on lui a offert d’occuper un poste d’une journée par semaine comme huissier audiencier au Palais de justice de Drummondville.
Source : « À 70 ans, on n’est pas fini» Jean-Guy Moreau, proche aidant, par Reine Côté, Express de Drummondville, 20 novembre 2016.
Janik Ouimet